Archéologie biomoléculaire

Présentation du laboratoire

L’archéologie biomoléculaire est un domaine émergent de l’archéométrie qui a récemment permis des avancées majeures en archéologie et relancé la recherche sur la culture matérielle. L’extraction et la caractérisation de molécules organiques déposées par l’activité humaine à la surface ou à l’intérieur de vestiges archéologiques ont rendu possible l’identification d’une gamme de produits périssables autrefois inaccessibles aux archéologues: (produits laitiers, écorce de bouleau, cire d’abeille, résine de pin, breuvages fermentés, etc.). Le Laboratoire d’archéologie biomoléculaire de l’Université Laval a été mis sur pied en 2020 afin de contribuer au développement de nouvelles méthodologies appliquées à l’étude des résidus organiques en archéologie et ainsi enrichir nos interprétations du passé, notamment celles ayant trait à l’étude de la nourriture et de l’ensemble des pratiques culturelles qui l’entourent.

Le laboratoire d’archéologie biomoléculaire offre la possibilité aux étudiant.e.s et chercheur.e.s en archéologie de réaliser, dans un même lieu, l’ensemble des opérations nécessaires à l’extraction et la caractérisation de résidus lipidiques par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse. Grâce à ses installations de pointe et son réseau de collaborateurs, il contribue à former des chercheurs hautement qualifiés à l'intersection des sciences humaines et des sciences naturelles.

Spécialités et champs de recherche du laboratoire

Ce laboratoire a d’abord été créé afin de permettre la réalisation des activités de la Chaire de recherche du Canada en archéologie biomoléculaire, notamment concernant l'utilisation et le contexte social des premiers contenants en céramique à l’échelle mondiale. L’application de techniques novatrices en archéologie biomoléculaire à des céramiques utilisées par des chasseurs-cueilleurs-pêcheurs du nord-est américain a mis en lumière des informations inédites quant à leur contenu, lesquelles sont au cœur d’un vif débat sur l’invention de la poterie en Amérique du Nord. Les recherches menées au laboratoire d’archéologie biomoléculaire s’étendent également à d’autres contextes temporels et géographiques, tel les cultures Jomon au Japon, Thule en Alaska, Lapita dans le Pacifique Sud et de l’Age du Bronze en Chine, en plus de participer par leur rayonnement au développement méthodologique de la discipline et à l’établissement de standards de qualité et de fiabilité pour l’interprétation de résidus lipidiques. Si la programmation proposée vise principalement l’analyse de vestiges céramiques selon une approche nouvelle, les mêmes techniques d’extraction et de caractérisation peuvent être appliquées à une gamme d’autres matériaux, notamment les lampes et contenants en stéatite retrouvés dans certains contextes nordiques.

En somme, le programme de recherche de la Chaire de recherche du Canada en archéologie biomoléculaire offre un milieu stimulant de recherche et de formation de personnel hautement qualifié, impliquant des chercheur.e.s qui travaillent sur des questions variées, d’actualité scientifique et sociale dans une diversité de contextes géographiques et temporels.

Chercheur

Karine Taché, responsable du laboratoire

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en archéologie biomoléculaire (2020-2025), Karine est spécialisée en archéologie du nord-est américain. Un des thèmes rassembleurs de ses recherches est la nourriture et l’ensemble des pratiques et choix culturels qui l’entourent. Elle applique des techniques développées en chimie analytique afin d’extraire et identifier des molécules organiques préservés en contexte archéologique, notamment à l’intérieur de la matrice poreuse des céramiques anciennes. Alimenté par des travaux de terrain dans la région des Hautes Laurentides, un de ses projets de recherche en cours se penche sur les modes d’utilisation de la poterie dans le Subarctique québécois. Outre ses travaux dans le nord-est américain, les contributions de Karine Taché dans le domaine des analyses de résidus organiques s’étendent également à d’autres contextes temporels et géographiques et s’intègrent dans un vaste programme de recherche qui tente de comprendre l’adoption et l’utilisation de la poterie à l’échelle mondiale, hors du cadre longtemps établi où cette innovation était uniquement associée à une agriculture émergente.

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Information complémentaire

Subventions

2020-2025: Chaire de recherche du Canada en archéologie biomoléculaire, CRSH (responsable)

2020-2021: Laboratoire d'archéologie biomoléculaire, FCI (responsable)

Publications

Taché, K., M. Bondetti, A. Lucquin, M. Admiraal et O.E. Craig (2019) Something fishy in the Great Lakes? A reappraisal of early pottery use in north-eastern North America. Antiquity 93(371):1339–1349.

Leclerc, M., K. Taché, S. Bedford, and M Spriggs (2019). Organic residue analysis and the role of Lapita pottery. In: Leclerc M. et Flexner J. (éds.). Archaeologies of Island Melanesia: current approaches to landscape, exchange and practice, pp. 179-189. Terra Australis. Canberra, Australia.

Taché, K. (2018) Breaking lipids to enrich the past: looking up to the next 50 years of organic residue analysis. Canadian Journal of Archaeology 42:124-136.

Hart, J., K. Taché et W. Lovis (2018) Freshwater reservoir offsets and food crusts: Isotope, AMS, and lipid analyses of experimental cooking residues. PLoS ONE. doi: 10.1371/journal.pone.0196407

Leclerc, M., K. Taché et O. Craig (2018) The use of Lapita pottery: Results from the first analysis of lipid residues. Journal of Archaeological Science 17:712-722.

Taché, K., A. Burke et O. Craig (2017) From molecules to clay pot cooking at the Archaic-Woodland transition: A glimpse from two sites in the Middle St. Lawrence valley, QC. Canadian Journal of Archaeology 41:139-164.

Taché, K., et O. Craig (2015) Cooperative harvesting of aquatic resources triggered the beginning of pottery production in Northeastern North America. Antiquity 89(343):177-190.

Farrell, T.F.G., P. Jordan, K. Taché, A. Lucquin, K. Gibbs, A. Jorge, K. Britton, O. E. Craig, et R. Knecht (2014) Specialized processing of marine resources in Arctic ceramic vessels? A lipid residue analysis of pottery sherds from the Yup’ik Eskimo site of Nunalleq Alaska. Arctic Anthropology 51(1):86-100. 

Craig O.E, H. Saul, A. Lucquin, Y. Nishida, K. Taché, L. Clarke, A. Thompson, D. Altoft, J. Uchiyama, M. Ajimoto, K. Gibbs, S. Isaksson, C.P. Heron, et P. Jordan (2013) Earliest evidence for pottery use. Nature 496(7445): 351-354.