Marie-Eve Chabot-Lortie
Marie-Eve a commencé sa formation avec un certificat en études théâtrales, qu’elle a ensuite complété en baccalauréat. Sa passion pour le monde du théâtre, elle voulait la vivre, mais aussi la partager, c’est pour cela qu’elle a également complété un DESS en enseignement collégial, diplôme qui lui a permis d’enseigner au Cégep Limoilou depuis. Elle est aussi autrice et metteuse en scène. Avec la compagnie Les Gorgones — qu’elle a cofondée avec Catherine Côté et Laurence Croteau Langevin — elle prépare en ce moment une pièce, D.écimées, qui sera présentée au Périscope, au printemps 2023.
Un moment marquant de son passage sur les bancs universitaires? Pendant un cours d’écriture dramatique, son enseignante, Isabelle Hubert, lui a fait piger le nom de l’autrice Emma Haché pour un travail. Son coup de cœur pour l’œuvre de la dramaturge acadienne est immédiat et puissant. Quelques années plus tard, elle mettra en scène une de ses pièces. Cette production posera les bases de son esthétique d’artiste et de sa vision de directrice artistique. Marie-Eve souligne d’ailleurs la chance qu’elle a eue, pendant ses études, de voir de nombreux spectacles, très variés (danse, théâtre, arts multidisciplinaires, performance), qui ont éveillé sa sensibilité. C’est l’une des grandes forces du programme selon elle.
L’autre avantage de l’Université, c’est cette possibilité de rencontrer des dizaines de personnes remarquables, autant dans les cours que dans les activités parascolaires (comme la troupe des Treize, où elle a d’ailleurs rencontré sa complice de création Catherine), ainsi que de côtoyer un corps professoral mixte constitué de théoriciens et de praticiens. Échanger, réfléchir et expérimenter auprès d’une diversité de personnes dont les parcours et réalités diffèrent a assurément enrichi sa vision artistique et citoyenne. Aujourd’hui, elle a la chance de travailler avec des interprètes, scénographes, concepteurs et gestionnaires culturels inspirants dans cette plaque tournante du théâtre qu’est la ville de Québec et elle en est très reconnaissante.
Elle croit également que les cours pratiques et les travaux d’équipe sont très formateurs pour les futures artistes. En effet, il est essentiel d’apprendre à collaborer, à communiquer, à mettre de côté son ego au service d’une vision commune, pour servir justement le propos d’une œuvre ou la vision d’une mise en scène.
Les compétences acquises en recherche et rédaction ont également été réinvesties dans sa pratique. Les périodes de recherche menant à la création d’œuvres flirtant avec le documentaire sont nombreuses et importantes pour elle et ses collègues. Et que dire des nombreuses demandes de subventions à rédiger pour arriver à produire, dans les meilleures conditions possibles, une œuvre de qualité que l’on souhaite voir diffuser dans un théâtre près de chez nous!
La formation universitaire, c’est surtout ce que l’on a envie d’en faire, dans le sens où l’investissement, les initiatives, la rigueur, ce ne sont pas juste des qualités pour obtenir un diplôme, c’est aussi une façon de laisser son empreinte, sa trace. En mettant les efforts nécessaires pendant le baccalauréat, on peut créer de futures collaborations une fois sur le marché du travail, que ce soit avec des camarades de classe, des enseignants ou même des artistes professionnels.
Finalement, elle conclut en évoquant le fait que pour avancer dans la vie, il faut se placer en déséquilibre un petit instant. Il faut oser prendre des risques et savoir se relever et rebondir lorsqu’on chute. Amorcer cette cet apprentissage dans un environnement stimulant et encadré, comme à l’université, ça permet de progresser et ça peut être un tremplin professionnel pour qui le souhaite.
*Entrevue et texte par Émilie Michaud, réd. a, finissante à la maîtrise en communication publique et ambassadrice. Merci!