Histoire du Département

Le Département de langues, linguistique et traduction a été fondé en 1962, à l’initiative du professeur Roch Valin. Dès ses débuts, en tant que directeur du Département, il s’est rapidement employé à recruter plusieurs collaborateurs pour constituer une première cohorte de compétences dans les différents domaines des sciences du langage, lesquels, pour la plupart, sont demeurés l’objet des préoccupations des professeures et professeurs ainsi que des chargées et chargés de cours qui ont graduellement remplacé les premiers collaborateurs.

Cette constance, combinée à la variété des travaux des chercheuses et chercheurs, confère au Département un caractère distinct par rapport aux autres. Il s’y est développé, au fil du temps, une expertise originale dans les disciplines de la linguistique générale, descriptive et appliquée du langage ainsi que dans l’étude de la langue française (en particulier franco-québécoise), anglaise, hispanique et russe. Aujourd’hui, l’offre d’études du Département se compose de 20 programmes de 1er, 2e et 3e cycles, qui regroupent quelques milliers d’étudiantes et étudiants.

De fait, pour l’étudiante ou l’étudiant qui s’intéresse aux différents aspects du langage, et à la comparaison ainsi qu’à l’enseignement des langues, le Département de langues, linguistique et traduction est en mesure de lui offrir une formation complète, appuyée par un corps enseignant compétent et dynamique.

Pour en connaître davantage sur M. Roch Valin, fondateur du Département (1918-2012)

rochvalin-fondateurdepartement-lli.jpgProfesseur fondateur, en 1962, du Département de linguistique de l’Université Laval (aujourd’hui le Département de langues, linguistique et traduction), Roch Valin a consacré sa carrière à y organiser et à y développer un enseignement de la linguistique conforme aux standards d’excellence des modèles européens de l’époque.

Ayant commencé sa carrière comme enseignant dans le cadre des cours d’été de français, cours dont il est devenu le directeur et qui ont rapidement acquis une réputation enviable, Roch Valin s’est employé par la suite, comme directeur du Département, à recruter des collaborateurs pour y constituer une première cohorte de compétences en linguistique et en philologie. Se sont ainsi développées les études de linguistique française, en particulier celle du franco-québécois (entre autres avec les professeurs Jean-Denis Gendron, Gaston Dulong, Georges Straka, Albert Henry, André Martinet, Georges Mounin), la grammaire comparée des langues indo-européennes (avec Arthur Padley et Albert Maniet ), les études anglaises  (avec Walter Hirtle et Claude Gervais) et la didactique des langues (avec William F. Mackay, Lorne Laforge, Jean-Guy Savard et Gerardo Alvarez), les études allemandes (avec Ilonka Schmidt-MacKay et Christine Tessier), et les études hispaniques (avec Ignacio Soldevila-Durante, Silvia Faitelson-Weiser et Lysanne Coupal), le portugais (avec Richard Pattee et Fernao Perestrelo), le russe (avec Hélène Paléologue et Lionel Meney) de même que la traduction (avec Jean Darbelnet, Solange Vouvé, Alan Manning).   La plupart de ces domaines et de ces activités font encore aujourd’hui l’objet des préoccupations des professeurs et des chargés d’enseignement qui ont pris la relève des premiers collaborateurs au Département et à la Faculté des lettres.

Ayant dû faire appel au départ à la compétence de professeurs européens pour dispenser l’enseignement nécessaire dans différents domaines de la linguistique,  Roch Valin s’est préoccupé d’encourager bon nombre d’étudiants à aller acquérir à l’étranger, en particulier en France, la formation requise pour devenir des chercheurs susceptibles de doter graduellement le Département d’une relève compétente. Et le Département s’est bientôt trouvé en situation d’assurer lui-même une formation de niveau universitaire qui permette de faire carrière en linguistique. (En témoigne une autre génération de linguistes, dont les professeurs Claude Rochette, Marcel Boudreau, Marcel Juneau, Claude Poirier, Denise Dehaies, René Lesage, Lionel Boisvert, Conrad Ouellon, Jean-Guy Lebel, André Boudreau, Conrad Bureau, Pierre Martin).

Une relation privilégiée avec Gustave Guillaume, professeur de linguistique générale à l’École pratique des Hautes Études à Paris, a permis à Roch Valin de se familiariser avec l’une des premières tentatives d’ordre scientifique visant à rendre compte de l’aspect sémantique du langage.  En tant qu’éminent disciple de ce linguiste élève d’Antoine Meillet et émule de Ferdinand de Saussure, il a hérité en 1960 d’une œuvre scientifique considérable qui était alors essentiellement inédite.  Il a ainsi disposé d’une série d’études des opérations de représentation linguistique qui avaient nourri un enseignement de près de quarante ans et qui manifestaient l’élaboration d’une théorie originale dite de psychosystématique ou de psychomécanique du langage. Il a donc pu doter son département d’un fonds documentaire unique comportant quelques milliers de pages manuscrites sur lequel ont travaillé une génération d’étudiants à la maîtrise, tant pour s’initier à ces études que pour en éditer les manuscrits et contribuer à leur publication.  Tout en procédant à la promotion de ces études et de celles qu’elles ont inspirées, le Fonds Gustave Guillaume s’est consacré à la formation des étudiants de maîtrise et de doctorat intéressés à développer l’étude de la représentation sémantique dans l’optique de la psychosystématique ou de la psychomécanique du langage. Il met à leur disposition un centre documentaire d’importance regroupant les ouvrages parus dans le domaine de la psychosystématique, de la psychomécanique et, plus largement, de la sémantique linguistique.
 
Depuis la fondation du Fonds Gustave Guillaume jusqu’à sa retraite en 1986, Roch Valin a  partagé ses activités d’enseignement entre le Québec et la France en favorisant les échanges avec les linguistes français intéressés à la psychomécanique du langage (entre autres, Bernard Pottier, Jean Stéfanini, Gérard Moignet, Maurice Molho, Jean-Claude Chevalier, André Joly). Il laissait à son départ un riche héritage scientifique qui, bien avant l’avènement du cognitivisme, avait contribué au développement de la sémantique linguistique1 , et qui contribue toujours à donner au département qu’il a fondé son originalité et son importance dans ce domaine.

1 Selon François Rastier, Gustave Guillaume est « l'aïeul tutélaire de la linguistique cognitive à la française » (in “La sémantique cognitive : éléments d’histoire et d’épistémologie”. Histoire, Epistémologie, Langage 15/1, 1993, p. 172).