Séminaire de l'Institut d'études anciennes et médiévales

Heure: 15h30
Lieu: en ligne
Description de l'événement
Titre: Les mots de passe pour l’au-delà en contexte orphique et dans les Veda
Conférencier: Alexis Pinchard, professeur de philosophie au Lycée militaire d'Aix-en-Provence
Résumé
Les lamelles d’or dites « orphiques », malgré leur diversité, contiennent de manière récurrente et centrale un énoncé en première personne, posé comme vrai, qui fonctionne comme un mot de passe (synthèma) pour être admis dans la famille des dieux et jouir d’une immortalité bienheureuse. Or cet énoncé, doué d’un pouvoir performatif, contient justement l’affirmation que le défunt est issu d’une lignée divine, exprimant par là une connaissance de soi et impliquant un acte de réminiscence. Ce jeu de questions et de réponses se retrouve dans l’eschatologie gnostique et védique, sauf qu’alors l’énoncé magique ne se contente plus d’énoncer une parenté avec les dieux qui doivent accueillir le défunt, mais une parfaite identité, et que la vérité n’est plus une simple propriété de l’énoncé ouvrant les portes de la béatitude mais son contenu même. Par conséquent, la question « Qui es-tu ? », adressée par les gardiens de l’au-delà à l’âme du défunt, devient tout aussi bien un test sur les connaissances théologiques du défunt, concernant en particulier sa maîtrise des noms secrets des dieux, ce qui semble justement avoir été le cas dans l’eschatologie égyptienne. Ces jeux de correspondances et de transformations ne nous incitent-ils pas à définir l’aspect proprement initiatique de toute religion comme la réitération, par le moyen du rite, de l’expérience qui nous fait sentir le divin comme le cœur toujours vivant de notre intériorité, là où le culte public insiste davantage sur la transcendance ?
À propos du conférencier
Alexis Pinchard est membre associé du Centre National de la Recherche Scientifique et professeur de philosophie au Lycée militaire d'Aix-en-Provence. Ancien boursier de l'École Normale Supérieure et du Center for Hellenic Studies (Université Harvard), sa thèse de doctorat a été publiée sous le titre Les langues de sagesse dans la Grèce et l’Inde anciennes (collection ''Hautes Études du Monde Gréco-romain'', Droz, Genève, 2009).